Nécessité et intelligence p107
Dans ce que nous avons dit jusqu’ici, sauf quelques détails, il n’a été question que des opérations de l’intelligence.
Il faut ajouter à notre exposition ce qui naît par l’action de la nécessité ;
car la génération de ce monde est le résultat
de l’action combinée de la nécessité et de l’intelligence.
Toutefois l’intelligence a pris le dessus sur la nécessité en lui persuadant
de diriger au bien la plupart des choses qui naissent.
C’est ainsi et sur ce principe que cet univers fut façonné dès le commencement
par la nécessité cédant à la persuasion de la sagesse.
Si donc nous voulons réellement dire comment il est né d’après ce principe,
il faut faire intervenir l’espèce de la cause errante et sa propriété de produire du mouvement.
Il faut donc reprendre le sujet comme je vais dire :
il faut trouver un autre point de départ qui convienne à ce sujet spécial et,
comme nous l’avons fait pour ce qui précède, remonter à l’origine.
Il faut examiner quelle était, avant la naissance du ciel, la nature même du feu, de l’eau, de l’air et de la terre, et quelles étaient leurs propriétés avant ce temps.
Car jusqu’ici personne ne nous a expliqué leur génération,
mais comme si nous savions ce que peuvent être le feu et chacun de ces corps, nous les appelons principes et nous les considérons comme un alphabet de l’univers,
alors qu’ils ne devraient pas même, si l’on veut observer la vraisemblance, être assimilés à la classe des syllabes par un homme tant soit peu intelligent. |